Matin sucré ! [pv Ed james][Abandonné]

Il était bien trop tôt pour que je commence à travailler, de plus, la plupart des pensionnaires devaient encore dormir. Pourquoi venir dans l'établissement alors ? Je ne pourrais l'expliquer, mais la raison qui semblait la plus plausible était loin de me satisfaire. Le regard fixé sur le bureau de Floyd, les doigts jouant avec le bois luisant de la table, je lâchais un soupir en m'affalant dessus. J'étais pitoyable, pire encore, si nous avions été dans un manga shojo, j'aurais été cette petite lycéenne dans la fleur de l'âge, pensant au beau garçon que toutes les filles voulaient. Sauf que nous étions dans la réalité, dans un monde où l'homosexualité était mal vu, un univers dans lequel je m'obstinais à ressembler aux autres moutons. Pourquoi abandonner mon petit nuage pour redescendre sur terre ? Je pouvais parfaitement entendre Nicole me sermonner "La vie est trop courte pour se plaindre, si tu ne peux pas rire, autant mettre fin à tes jours tout de suite !", non, elle ne tentait pas de me pousser au suicide, au contraire. Ma jumelle avait toujours voulu me voir heureux, mais je n'étais pas comme elle, ni comme son fils adoptif... Resplendir de bonheur, rayonner tel un soleil d'état, ce n'était vraiment pas fais pour moi. J'étais plus du côté de sa sœur la lune, calme, silencieuse et sérieuse. Je ne m'en plaignais pas.

Je sortais de la bibliothèque refermant à clé derrière moi. Pour le boulot, on avais décidé de me les passer, à ce que j'avais entendu dire, à l'époque, la bibliothèque était toujours ouverte, mais depuis mon arrivé, je laissais de refuser la salle sans surveillance. Les mains dans les poches, je me déplaçais furtivement dans les couloirs, tel une ombre espérant secrètement se faufiler entre les rayons de lumière. Simplement vêtu d'une chemise blanche accompagnée de sa fidèle cravate rouge cramoisie, j'avais opté pour prendre un simple jeans noir, je me sentais à l'aise dans ces vêtements, moins que dans mon mini short en latex mais j'étais certain que ce style de tenue serait malvenu dans le pensionnat... D'autant plus que je refusai que quelqu'un me vois avec un tel accoutrement ! Je maudissais intérieurement ma sœur, bien que je l'adorais, elle m'avais filé cette sale manie de porter des vêtements extravagant, pire encore, j'avais fini par apprécier les accessoires SM, c'était d'autant plus déprimant. J'avais toutefois gardé une veste d'un beau brun, le temps encore frais, je me devais de me couvrir. Pour éviter le contact physique avec un homme, j'avais aussi décide de prendre des gants noir de cuir.

Mes pas m'avaient conduis dans le somptueux jardin du pensionnat, malgré mes nombreuses visites, je trouvais ce repaire toujours autant magnifique que la première fois que j'avais posé mon regard sur la végétation. Oui, je parlais de ce lieu comme d'un repaire car un grand nombre d'étudiant venait se cacher dans les environs, séchant les cours tout en profitant des plantations. Oh comme je les comprenais ! Adolescent, j'aurais tout donné pour me retrouver dans pareil lieux, ce jardin proche d'un pays féérique me rappelais certains de mes clichés, j'aurais adoré prendre en photo les environs. Comme pour satisfaire ma soudaine envie, je sortais mon appareil photo en le pointant vers un jeune rosier, trouvant l'axe approprié pour prendre la photo. Après plusieurs minutieux réglages, je saisissais ma chance en observant un papillon qui s'était aventuré vers les bourgeons, je capturais le tableau avec un sourire satisfais et observé le résultat avec fierté. Quelques rayons de soleil venait s'abattre sur la plante, les fines gouttelettes qui parcouraient les tiges s'étaient comme figée lorsque j'avais pris la photo et le magnifique ange aux milles couleurs s'était posé sur un bouton de rose, battant faiblement des ailes. Mon cœur battait la chamade face à un tel spectacle, mieux encore, je n'avais rien imaginé en prenant cette photo, j'avais capturé la réalité, non plus une illusion que j'avais créé de toute pièce. Je reprenais ma marche en chantonnant doucement, plongé dans mes pensées. Qu'allais-je manger ? Qu'allais-je faire aujourd'hui ? Est-ce que Floyd était accompagné à l'heure qu'il est ? Je secouais la tête, chassant de mes pensées le beau brun avec un grondement sourd.

Que se passa-t-il ensuite ? Je n'en suis pas sur, la seule chose que je pourrais affirmer était que je me trouvais à présent à même le sol, couché les bras tendu. Je me retournais en grognant pour voir ce qui se passait avant d'apercevoir une paire de jambe. Je relevais la tête subitement, comprenant que plongé dans mes pensées j'avais trébuché sur l'inconnu sans même le voir. J'attrapais mon appareil photo pour vérifier qu'il n'était pas cassé avant de soupirer de soulagement, il était sain et sauf. Pourtant, mon doux regard devint brutal et je relevais les yeux avec agacement sur la silhouette. Un homme ! En plus ?! Un élève certes, mais c'était un homme ! À peine eus-je pensé au contact de nos pieds que mon ventre se tordit de douleur et je du me retenir pour ne pas lui recracher mon petit déjeuné sur les chaussures.

- Tu n'aurais pas pu retirer tes pieds en me voyant arriver peut-être ?!

Je reniflais avec dédain, me redressant pour m'assoir par terre. Pourquoi ne pas me relever ? Parce que mon pied me faisais mal et je craignais m'être tordu la cheville. Rien de grave bien sur, mais pour rien au monde je ne voulais m'assoir à côté de lui, hors, si j'étais blessé, je devrais m'assoir pour me reposer, donc, je restais à ma place d'origine.

- Et puis d'abord, qu'est-ce qu'un élève vient faire là à cette heure-ci ?!

Le jeune homme sembla m'observer pendant un certain temps et je sentis la gêne me gagner. Je n'aimais pas qu'on me regarde de la sorte, les gens étaient souvent étonnés par la couleur de mes yeux ainsi que de mes cheveux. Ce n'était pas de ma faute si la vie m'avais fais de la sorte, mais une chose était sur, dévisager était une chose vraiment impoli ! Pourtant je me permis d'en faire de même, scrutant le jeune homme avec insistance, comme pour lui montrer que je ne baisserais pas les yeux en premier. Bourré, j'aurais pu le trouver charmant, son visage était harmonieux, quelques mèches d'un magnifique châtain clair venaient lécher son visage et je pu presque sentir la bête gronder en moi. Seulement voilà, j'étais sobre et il était un homme. Deux choses qui n'allaient pas ensemble s'il voulait que je l'apprécie. J'aurais pu pourtant envisagé de ne pas me montrer désagréable avec lui, après tout, il n'était qu'un élève innocent... Mais le pire restait à venir.

« ben.. excuse moi mais j'ai vraiment pas fait exprès de te faire tomber, je ne pensais pas à mal, loin de là. Mais je viens souvent ici tôt le matin lorsque je dors mal, et puis, comme c'est un endroit sympas, j'aime y passer du temps. »

Un bond, voilà ce que je failli faire. Il me tutoyais ? Un élève, me tutoyais, moi, un adulte ? J'en restais sonné, les yeux écarquillés par tant de familiarité, je ne me souvenais pas lui avoir permis de me parler sur un tons égal. Notre âge était aussi proche qu'un chien ressemblait à un chat : c'est à dire très différent. j'aurais pu m'offusquer et me relever pour lui tirer les oreilles mais je n'en fis rien, la raison ? Ce chat au beau pelage noir venait de m'hypnotiser et je sentis bientôt quelques rougeurs me monter au rouge. Diable qu'il était mignon ! J'étais arraché à mes pensées par les mouvements de mon interlocuteur et instinctivement, je me recroquevillais en le voyant se rapprocher. Pourquoi ? Pourquoi lorsque l'élève s'était rapproché de moi de la sorte, mes bras avaient cachés mon visage brutalement ?

« Euh.. Mais tu ..euh..vous allez bien ? Pourquoi restez-vous assis ? Vous n'arrivez plus à vous lever ? »

Je me trouvais stupide, craindre un gamin était hors de mes habitudes et pourtant, bien qu'il n'avait aucune ressemblance avec Jeremy, ses gestes avaient été trop rapide, trop proche de moi. J'avais donc eu cette image dans ma tête, cette scène qui m'avais torturé durant de longues années. Muet, je ne répondis pas, fixant d'un mauvais œil le garnement. Avant cela, je n'avais pas fais attention à la couleur de sa peau, d'un blanc de porcelaine. Cette teinte aux éclats angélique me donnais envie de croquer dans le fruit défendu et je me maudissais intérieurement de ne pas savoir résister aux belles personnes. La chance était cependant de mon côté puisque le ciel m'avais offert non pas une charmante jeune fille, mais un jeune homme. Comme pour se moquer de ma phobie, on m'avais servi sur un plateau d'argent le seul bon samaritain du pensionnat, super ! Alors que je m'apprêtais à lui rétorquer une remarque cinglante, je m'abstenais en regardant le félin, battant doucement des paupières avec émerveillement. Il me fallu un mal fou pour détourner mon regard de la mince silhouette.

- Vous, c'est "vous" quand on s'adresse à une personne plus âgée que soit, mais peut-être que la politesse est trop demander pour un élève aussi écervelé ? Surtout lorsqu'on s'adresse à l'assistant du bibliothécaire, peut-être que pour toi ce n'est rien, mais ça reste un métier convenable de mon point de vu !

Je refusais de quémander de l'aide au sacripant, malheureusement, ma fierté me joua un vilain tour que je regrettais aussitôt... Tandis que j'essayais de me relever, je titubais en grimaçant, me rattrapant à l'enfant présent devant moi. Le simple contact de mes paumes contre lui me fis frémir d'angoisse, bien que mes mains étaient protégées par le tissu d'encre, je sentais mes doigts agripper l'épaule du brun, tentant désespérément -et vainement- d'enfoncer mes ongles dans sa chair, c'était une façon de me protéger de lui. Après un ultime effort, je réussissais enfin à me relever avec dignité, n'accordant pas un seul regard à l'énergumène. Certes je souffrais, mais montrer ma faiblesse était hors de question.

Spoiler:

La réaction de l'adolescent fut surprenante et étonné, je le regardais, perplexe. Un sourire niais aux lèvres, il me semblais pourtant plus doux qu'avant, peut-être parce que dans ses prunelles d'un bleu profond, je pouvais y voir une passion en commun. Ou peut-être me faisais-je simplement des idées ? Je n'aurais pu le dire. L'étonnement fit place à la gêne, pour quelle raison ? Sans doute concernant sa remarque sur le fait qu'il ne m'aurais pas oublié. Je n'avais pas choisi d'être albinos et je n'aimais pas qu'on me regarde comme un animal de foire. C'était évident, on n'oubliait pas facilement un visage si peu commun, surtout lorsque je passais mon temps à sermonner les élèves masculin. Parce que oui... Concernant les demoiselles... J'avais la fâcheuse manie de me montrer doux et attentionné à leurs égards.

Ma fierté m'empêchait de regarder ce jeune homme, bien que ma curiosité insatisfaite me quémander que je lui pose des questions. Depuis mon arrivé au pensionnat, j'avais comme l'impression que ma phobie concernant la gent masculine était moins poussée...Je ne pouvais toujours pas toucher mâle sans que les nausées ne me retourne le ventre certes, mais leurs parler me semblais moins détestable qu'auparavant. Je repoussais la pensée qui me sifflais que ce changement assez brutal était dû à mon collègue, je préférais l'oublier pour l'instant... Et même pour toujours si je le pouvais. Un doux miaulement attira mon attention et je baissais la tête vers la petite créature ébène, je fondais sous la beauté du félin et bien que le prendre dans mes bras me démangé, je ne comptais pas demander la permission au gamin pour porter son animal. D'ailleurs, les élèves avaient-ils le droit aux animaux ? Le jeune adolescent prit sa bête pour la déposer sur ses épaules et avant que je ne m'en rende compte, un visage masculin était à quelques centimètres du mien... Je me sentis frémir d'angoisse.

« Dites, vous voulez que je vous raccompagne en vous portant ? Ou euh.. vous pouvez juste vous appuyer sur moi au pire ! Et aussi, j'ai cru apercevoir que vous étiez en possession d'un appareil ? Il n'est pas cassé au moins ? »

J'écarquillais les yeux, la bouche bêtement entrouverte. Je ne devais pas rire et pourtant... Diable que c'était dur ! Me porter ? Il était plus petit que moi, plus maigrichon aussi et il pensait pouvoir me soulever ? Je n'arrivais pas vraiment à savoir si je devais en être amusé ou vexé, après tout, porter un homme de mon âge était une véritable insulte de mon point de vu !

« Sinon, on peut très bien s'asseoir ? J'ai sport dans une heure théoriquement mais il se passeront bien de moi ! Même si j'adore ça la plupart du temps, j'ai horreur de travailler, je suis un gros feignant pour tout vous dire ! Et au fait, moi c'est Haku Neliel, en B ! Et vous c'est Mr. ? »

Bon Dieu... Mais enlevez donc les piles de ce garçon ! Une journée en sa compagnie et ce serait un véritable cauchemar pour mon crâne, il s'agitait, parler sans arrêt... Pourtant, je ne pouvais pas le repousser. ce comportement enfantin me rappelais Eric et mon neveu comptait énormément pour moi. Je me promis de parler au blondinet de cet personne que je venais de rencontrer, avec un peu de chance, ils deviendraient amis. Puis, sans que je ne sache pourquoi, les joues de mon interlocuteurs se colorèrent d'un léger rosé, lui donnant un air plus juvénile encore, cependant, il n'en était que plus adorable. Une chance que mon homophobie m'empêchai de bondir sur tout les jolies minois que je croisais. j'aurais pu penser à Floyd pour m'arrêter net dans mes nombreux élans, mais je voulais aussi me séparer de lui. Comment oublier quelqu'un si on y pensait sans cesse ?

« Je vous ai vu le regarder avec envie tout à l'heure ! Vous voulez le prendre ? Ensuite on pourra y aller. Il s'appelle Kuro. »

Je ne pu protester, bien que je voulais toucher le félin, je n'avais pas envie de montrer mon côté mielleux à ce jeune homme, mais il ne me laissais pas le choix. Je prenais le chat dans mes bras, le regardant avec passion, les yeux plein d'étoiles. Tel ces gamins qu'on pouvait voir dans les parcs ou dans des boutiques d'enfant, pour moi, le chat noir était le plus beau jouet qu'un enfant aurait pu trouver, mais bien entendu, je ne le considérais en aucune façon comme un objet. J'avais gardé le silence tout au long de son dialogue qui m'avais semblé incroyablement long et court à la fois... Certainement parce qu'il était si surexcité que ses mots avaient défilés les uns après les autres sans me laisser le temps de répondre. Je réfléchissais donc à ce qu'il m'avais dis quelques instants plus tôt puis baissais la tête pour le regarder.

- À ma connaissance, quand on pose une question, on attends la réponse avant de faire quoi que ce soit.

Je parlais bien évidemment du chat, il me l'avais presque jeté dans les bras, si j'avais été quelqu'un de peu sympathique à la base, j'aurais très bien pu balancer le chat au sol en repartant maladroitement. Tandis que j'installais confortablement le chat dans mes bras, ne le soutenant toutefois que d'une main, je me servais de l'autre pour assener une pichenette sur le front du gamin trop turbulent, les sourcils froncés.

- Tu ne compte tout de même pas sécher j'espère ? Je te rappelle que tu parle à un employé, un adulte donc, ce n'est pas très intelligent de ta part de m'annoncer ouvertement que tu préfère discuter avec moi plutôt que d'assister à ton cours. De plus, je ne me souviens pas avoir accepté de rester...

Je jetais un coup d'œil à l'appareil photo en l'allumant pour vérifier qu'il était en parfait état et je hochais la tête, satisfais d'avoir réussi à lui éviter une mauvaise chute. Ce petit bijou était très important pour moi, j'y tenais comme à la prunelle de mes yeux. Rassuré, je souriais à l'énergumène.

- Non, il n'a rien, plus de peur que de mal, puis en me rendant compte que je souriais, je reprenais un air impassible rapidement en jetant un coup d'œil à l'animal noir. Quel est son nom ?

Je préférais éviter de marcher, histoire de ne pas me vautrer magistralement une seconde fois et cette fois-ci, devant un public... Me servir de l'aide qu'il me proposait ? Et puis quoi encore ! Ma fierté était une barrière, elle me donnais souvent du fil à retordre mais c'était une partie de moi qu'on ne pouvait changer.